dimanche 11 septembre 2011

Le militantisme n'est pas un crime, les terroristes ne sont pas des militants !



Paris, le 11 septembre 2011.

En ce dixième anniversaire des tragiques attentats contre les Etats-Unis d'Amérique, aucun média français n'oserait en contester la nature terroriste. 

Or, ces dernières semaines, s'agissant du terrorisme islamiste visant Israël, plusieurs parmi les plus importants de nos médias nationaux se sont permis de qualifier de "militants" les criminels qui se sont rendus responsables de ces actes. 

Au mieux, il s'agit, de la part de  "journalistes" se contentant de "traduire" mot à mot des textes rédigés en anglais, d'une ignorance concernant le fait que le mot français "militant" n'a pas du tout la tonalité violente du mot anglais (ou américain) "militant". En anglais, dire d'un "activist" qu'il est un "militant", c'est accentuer fortement la violence éventuelle des actions entreprises par ledit "activist", puisque un tel "militant" (en anglais) est souvent armé et peut être un terroriste. En français, au contraire, comme dans l'émission de France Inter animée par Pascale Clark et Hélène Jouan, "Paroles de militants", le mot "militant" désigne une personne qui cherche, certes avec zèle mais par un discours argumenté, à partager ses convictions, et le terme est globalement connoté comme plutôt sympathique. 


Au pire, il s'agit d'une volonté délibérée de connoter positivement des actes terroristes.


Ainsi, le 3 septembre dernier, LExpress.fr affirme que "Ban Ki-moon s'est inquiété samedi des tensions diplomatiques entre la Turquie et Israël, après la diffusion du rapport de l'Onu sur le raid israélien contre la flottille pour Gaza, qui avait fait neuf morts parmi des militants turcs". Or, même si le public français n'en n'est pas nécessairement conscient, le fait est que le terme de "militants" est ici appliqué à des combattants islamistes fanatiques ayant formé le voeux de mourir "en martyr", des membres de  l'organisation islamiste IHH qualifiée par le juge anti-terroriste Bruguière  d'organisation terroriste, des combattants qui, après s'être échauffés avec des chants de guerre antisémites et avoir accompagné d'apologies de la Shoah (sur le mode : "allez brûler dans les fours !") leur refus d'obtempérer aux injonctions israéliennes de ne pas pénétrer dans une zone sous blocus légal contrôlée par le groupe terroriste Hamas, ont affronté violemment, à coup de barres de fer les soldats venus les arrêter.

Antérieurement, le 24 août 2011, l'AFP, reprise notamment par lemonde.fr, affirme mensongèrement que "l'armée israélienne a dit avoir visé "un militant affilié au Djihad islamique, impliqué dans la contrebande d'armes et des activités terroristes dans le Sinaï" égyptien." Vérification faite, dans la version en anglais du communiqué concerné, l'armée israélienne parle d'un "Islamic Jihad affiliated militant Ismail Zadi Ismail Asmar". On serait là dans le cas d'une erreur de traduction liée au faux-ami "militant". Mais celui qui a commis une telle erreur n'est ni un traducteur, ni un véritable journaliste car dans ce dernier cas il aurait pu consulter le communiqué officiel en français de l'armée israélienne, selon lequel, je cite : "l’Aviation Israélienne a pris pour cible le terroriste affilié au Jihad Islamique Zadi Ismail Asmar". En outre, l'attribution à un personnage tel que Zadi Ismail Asmar du titre sympathique (en français) de militant n'aura été possible qu'à baigner dans un bain idéologique marqué d'un parti pris anti-israélien évident.

Nulle traduction depuis l'anglais, par contre, lorsque dans Le Monde (supplément des livres) du 26 août 2011, Benjamin Barthe écrit, à propos du dernièr roman de l'écrivain israélien David Grossman : "Un jour de juillet 1994, un jeune soldat israélien, du nom d'Arik Frankenthal, est capturé par des militants du Hamas, alors qu'il circule en stop sur les routes de son pays. Il est assassiné peu après".


Adoucir ainsi, en les qualifiant de militants, la manière de désigner des terroristes est un manque de respect pour les victimes du terrorisme. C'est aussi un manque de respect pour tous les militants, de gauche, de droite, du centre, pro-israéliens, pro-palestiniens, écolos, pro-nucléaires, tout ce qu'on voudra, pour qui le militantisme est une activité noble, fondée sur la parole et l'argumentation, pas sur la violence. Le titre de l'émission de Pascale Clark et Hélène Jouan est bien vu : "paroles de militants", parce qu'en effet, en français, ce qui caractérise le militantisme, c'est qu'il passe par la parole. Non, les militants, ce n'est pas la même chose que des assassins. Un militant, ça ne s'attaque pas à coups de barres de fer aux forces de l'ordre d'un pays démocratique, ça ne tire pas des missiles sur une population civile, ça n'assassine pas un jeune auto-stoppeur. Cet usage du mot "militant" est aussi un manque de respect pour la langue française.

Pour toutes ces raisons, nous appelons nos concitoyens à protester auprès des médias contre l'usage irrecevable du mot "militant" pour désigner des terroristes, et les journalistes, à commencer par ceux de l'AFP qui irriguent toute la presse française, à s'interroger sur les conditions qui auront permis qu'un tel dérapage tende à devenir une norme.

Anatole Zed