lundi 27 décembre 2010

Indignez-vous !

"Indignez-vous !" nous demande Stéphane Hessel dans son opuscule vendu pour Noël à 800 000 exemplaires, et il précise qu'en cherchant bien son lecteur trouvera facilement des raisons pour cela.


Sur ce point au moins, Hessel a raison, et il n'est pas nécessaire d'aller chercher bien loin, car il y a de quoi s'indigner, en effet, aux propos mêmes de ce monsieur.


Indigne d'ailleurs est également la réception de cet opuscule.  Ainsi, dans une biographie d'Hessel publiée sur un site intitulé La république des lettres, qui se définit comme "animée par un esprit d'engagement et d'ouverture intellectuelle et humaniste", H. Paillard commet des erreurs manifestes (Hessel n'a jamais été corédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, il avoue lui-même n' en avoir été qu'un observateur*) et, appelant au boycott d'Israël, affirme qu'Hessel serait "menacé et poursuivi par les partisans du régime d'apartheid israélien".  On le sait, les Arabes israéliens, 20% de la population de ce pays, représentés au parlement, font du commerce, des études, élèvent leurs enfants, voyagent dans le monde et font face aux difficultés de l'existence... Comment la "République des lettres" ose-t-elle parler d'apartheid ?


Hessel, qui a récemment fait l'éloge du chef du Hamas à Gaza, présenté par lui comme un homme ouvert et modéré (!), décrit par contre l'Etat démocratique d'Israël et ses citoyens comme l'abomination du monde --- c'est d'ailleurs sa principale, peut-être sa seule véritable indignation --- écrit ainsi :

"Il faut être israélien pour qualifier de terroriste la non-violence".

Rien que ça ! Telle est la prose de Monsieur Hessel. 

Tout ceci ressemble fort, de la part de M. Hessel, à des appels à la haine en raison de la nationalité.

Pour Hessel, dans son livre, il y a eu "plus de trois millions de Palestiniens chassés de leurs terres par Israël". Mensonge !

Aucun de nos journalistes de la presse généraliste n'a éprouvé le besoin de rectifier ces chiffres, sans parler de leur qualification : six cents mille personnes déplacées (parfois de façon dramatique et injuste, c'est vrai, ce fût une guerre, mais souvent aussi, et les journalistes le savez bien, ou ils ne savent rien, de façon volontaire en attendant, croyaient-ils, d'écraser l'Etat des Juifs) deviennent trois millions de personnes chassées : aujourd'hui, en France,  Hessel peut dire ce qu'il veut, n'importe quel mensonge, on s'en fout, on laisse dire, on admire, même !

D'un autre coté, un million de Juifs expulsés des pays arabes, ça, on ne connaît pas, évidemment... personne n'en parle jamais, ni France Culture, ni France Inter, ni Le Monde, ni Le Figaro, ni Télérama, ni France 2, ni le Nouvel Obs, ni personne dans ces mêmes médias que Hessel dénonce et qui l'encensent !


Les médias généralistes ne font pas leur travail, bien au contraire et il faut aller sur le site du CRIF, consulter www.desinfos.com, lire l'Arche, la Mena ou encore les dossiers de Controverses pour trouver des informations fiables et des analyses sérieuses. Mais pour cela on vous traitera de communautariste !

Alors oui, je m'indigne du livre d'Hessel, et je m'indigne des accusations publiées sur le site de "La République des Lettres" selon lesquelles Israël serait l'apartheid, je m'indigne de ce que France Culture --- où les matins ont cru bon recevoir Enderlin sans aucun contradicteur, ni Karsenty, ni Taguieff (dont  le livre est, là comme ailleurs, comme au Monde, comme à Libé passé sous un silence absolu, comme ceux de Gérard Huber ou de Schmuel Trigano) --- je m'indigne disais-je de ce que France Culture se réjouisse chaque jour des ventes de ce petit livre qui dans son enrobage passe-partout nous vend la haine d'Israël et, quoi qu'il en dise, une légitimation un peu trop évidente du terrorisme, comment dit-il ? je cite le maître à penser de nos journalistes : 


"on peut expliquer ce geste par l'exaspération des gazaouis", 

Ben voyons ! Bien sûr, la propagande islamiste, la haine du Juif dans laquelle sont baignés en permanence les jeunes palestiniens, Hessel ne les connaît pas, ne les voit pas dans son parcours guidé par le Hamas, elles ne sont nullement mentionnées par ce monsieur comme causes possibles de "ce geste" (le terrorisme). Comme l'écrit si justement Marc Knobel sur l'excellent site du CRIF :


Hessel, en une phrase, tente indirectement d’excuser le terrorisme. Il oublie de fait quelles en sont les causes profondes : le fanatisme, l’endoctrinement, les aspects idéologiques pervers et brutaux, la force de l’islamisme radical et de l’extrémisme, l’emploi délibéré de la terreur (assassinats, enlèvements, attentats…) engendrant l’anxiété, la peur, l’effroi et l’horreur, terreur employée par des individus (semi-) clandestins, des groupes ou des acteurs étatiques, pour des raisons criminelles ou pseudo politiques, essentiellement contre les juifs et les chrétiens.


Lequel de ces nobles journalistes nous a-t-il proposé un reportage sur l'ouverture des centres commerciaux de luxe à Gaza, des hôtels et restaurants chics où ils se retrouvent, entre journalistes et activistes, les étalages remplis de vivres et de biens de consommation ? Aucun ! Comme pour Sabra et Chatila, comme pour l'affaire Enderlin, comme pour Jenine, comme pour la barrière de sécurité, comme pour la prise d'otage de Gilad Shalit, comme pour les boucliers humains à Gaza, comme pour le réarmement du Hezbollah, comme pour la flottille soit-disant humanitaire de l'IHH, comme pour le rapport Goldstone, comme d'habitude aucun de nos médias généralistes n'a enquêté sérieusement, se contentant de reprendre, plus ou moins édulcorée, la propagande de l'autorité palestinienne et du Hamas.

Indignes : la biographie de Mme Paillard, le bouquin d'Hessel, et l'ensemble de la classe journalistique de notre pays qui se réjouit du succès d'un bonbon empoisonné qui  ose se recommander du label de "Ceux qui marchent contre le vent"... 

"Contre le vent", vraiment ? Pfff... Voici donc comment aujourd'hui le conformisme absolu prétend secouer les consciences !

Pitoyable. Minable.

Et indigne.

Anatole Zed



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* ↑ "j'assistais aux séances et j'écoutais ce qu'on disait mais je n'ai pas rédigé la déclaration" Stéphane Hessel. : http://www.un.org/apps/newsFr/printnewsAr.asp?nid=17952 [archive]


Et, nous informe Marc Knobel, Hessel, dans l'interview qu’il accorde à l’hebdomadaire Politis (n° 1127, 18 au 24 novembre 2010, p. 4)  déclare : « On peut donc dire que j’ai assisté à sa rédaction de très près et de bout en bout. Mais de là à prétendre que j’en ai été le co-rédacteur !  Bref, le général de Gaulle et René Cassin auraient eu un rôle mineur, et j’aurais tout fait ! Cela commence à me peser ! » 

vendredi 18 juin 2010

Appel aux journalistes français

La tension internationale autour de l'affaire de la flottile "Free Gaza" et la réception par l'opinion française de ces événements nous conduisent à lancer cet appel. Les politiques et les journalistes français, tous partis et tous médias confondus, peuvent facilement avoir accès à de nombreux documents éclairant l'incident meutrier de la première flottille : situation des marchés à Gaza, détournements des marchandises par le Hamas, nature terroriste et antisémite des groupes islamistes Hamas et IHH, films israéliens ou réalisés par les combattants islamistes ou des vidéo de surveillance du Marmara [voir], chants de guerre antisémites des islamistes ayant formé le voeux de mourir "en martyr" sur le Marmara [voir], apologie de la Shoah lancée par ces mêmes guerriers en réponse aux appels radio de la marine israélienne, suivi des cargaisons soit-disant "humanitaires" bloquées par le Hamas, position de l'Egypte, rôle de l'Iran, campagnes antisémites de la Turquie,...

Or, politiques et journalistes français, tous ou presque se comportent comme s'ils avaient délibérément choisi de ne rien connaître du dossier qu'ils prétendent instruire à charge contre Israël.

Aujourd'hui 18 juin 2010, j'appelle donc en particulier les journalistes de notre pays à appliquer enfin réellement leurs propres règles déontologiques y compris quand il s'agit d'Israël. La vérité finit toujours par triompher, et ce sera encore le cas cette fois-ci. Même si pas un seul député français ne s'est opposé à ce que l'assemblée nationale ne se transforme en tribunal d'Israel sans avocat, "il faut raison garder" se disent aussi de plus en plus de citoyens de notre pays, juifs ou non, de gauche comme de droite, qui se rendent compte de l'obsession anti-israélienne ambiante et refuse d'y céder. Les avertissements confus, pour ne pas dire contradictoires avec les condamnations précipitées d'Israël qu'ils avaient eux-même émises, qui émanent ces jours-ci de plusieurs ministres européens des affaires étrangères [Le Monde], montrent du moins que les responsables ne sont pas dupes. Il est urgent de se défaire du poison idéologique que forme le mélange du mensonge et de la bêtise, poison qui s'étale aujourd'hui à pleines pages dans les journaux du pays. Aux journalistes eux-mêmes de rejeter ce poison en enquêtant sur la manière dont eux-mêmes et les institutions qui les emploient se sont livrées, des semaines durant, au nom de l'émotion mais sans enquête ni reflexion à une véritable lapidation médiatique d'Israël. Qu'ils en soient convaincus, avec ou contre eux, la vérité finira par être entendue !

Vive la presse, vive la politique, vive la France !

mercredi 2 juin 2010

Flottille « Free Gaza » : Mission accomplie


Reçu sur mon téléphone ce lundi matin, cette alerte SFR info : "Raid israélien meurtrier sur une flotte d'aide pour Gaza".

Ce message, un parmi les millions qui ont commencé d'inonder la conscience des Peuples, signifie en lui-même que la flottille de "Free Gaza" a totalement réussi sa mission.

En effet, cette mission n'était évidemment pas d'apporter une quelconque aide humanitaire à la bande de Gaza, d'abord parce que le contenu des bateaux ne représentaient qu'une fraction négligeable des produits qui entrent dans Gaza chaque semaine officiellement depuis Israël, ensuite parce que la contrebande depuis l'Egypte fait que depuis des mois les magasins de Gaza sont tellement approvisionnés que les commerçants se plaignent de la chute des prix, enfin parce que Israël avait prévenu qu'en aucun cas les bateaux ne réussiraient à passer en force.

Le seul objectif de la flottille était de détruire l'image d'Israël et de soulever contre son peuple les opinions publiques mondiales. Succès complet.

Vous aurez beau dire qu'Israël a proposé que le contenu des bateaux soit transféré à Gaza par la terre et que les responsables de la flottille ont refusé, cela ne changera rien au succès médiatique de cette opération anti-israélienne.

Vous aurez beau souligner qu'Israël a proposé que les bateaux puissent passer si le Hamas libérait l'otage Guilad Shalit et que cette proposition a également été refusée, la perception de l'événement de ce matin n'en sera pas modifiée.

Vous aurez beau dire que les organisateurs de la flottille "Free Gaza" ne sont pas de simples pacifistes et ne sont pas du tout pacifiques, comme ils ont réussi à le faire croire, mais des islamistes organisés, complices des terroristes du Hamas, cela ne sera pas entendu.

Vous aurez beau dire que les soldats israéliens ont été obligés de se défendre d'attaques à coups de hache et même d'armes à feu menées par des islamistes aimant la mort plus que tout, encouragés tout au long de leur traversée par des chants de guerre antisémites, tout cela sera qualifié de propagande et vous ne modifierez pas le sentiment que des Israéliens puissamment armés se sont violemment attaqué à de pacifiques pacifistes.

Vous aurez beau dire tout ce que vous voulez, de toute façon votre voix ne sera pas relayée par les médias, ni par personne, et vous serez perçus comme complices de la barbarie.

Cette opération est un échec complet pour Israël, et c'est une réussite totale pour les Islamistes.

Les mois qui s'annoncent seront très durs pour Israël, mais aussi pour tous les Juifs du monde, y compris ceux qui ont choisi d'accabler Israël.

***

Sondage proposé par lemonde.fr le 01/06/2010
Exemple de sondage biaisé :  sur lemonde.fr, on
n'envisage pas un seul instant la responsabilité 
des islamistes qui ont monté l'opération "free gaza". 
Un peu comme si on demandait si dans la montée 
de l'antisémitisme le journal Le Monde porte une responsabilité 
totale, partielle ou bien si on n'a pas d'opinion...
 

jeudi 29 avril 2010

La raison selon E. Roudinesco : dire tout et son contraire ?

Le 28 avril 2010, une dépêche de l'AFP nous apprend qu'E. Roudinesco fait partie des signataires de ce fameux  "appel à la raison" qui entre autres choses souhaite oeuvrer, je cite, à "la survie d'Israël en tant qu'Etat juif et démocratique".

Or, on se souvient que le samedi 6 février 2010, Elisabeth Roudinesco affirmait sur France Inter, dans le 7/9 :

« Faut-il qualifier l'Etat d'Israël d'Etat juif ? Non ! Ça c'est la tendance, en effet, de l'ultra-nationalisme, ca c'est une catastrophe en effet pour Israël s'il est qualifié de façon éthnique. Ce sont les ultra-nationalistes qui sont les plus dangereux, qui risquent de faire cet Etat d'apartheid, on ne peut pas qualifier un Etat de cette façon là. »

Que dire d'une telle contradiction, sinon que, venant de l'une de nos grandes intellectuelles, elle montrent un inquiétant mépris de la logique la plus élémentaire ?

Certes, il reste possible qu'entre l'hiver et le printemps 2010, Mme Roudinesco ait profondément évolué sur la question de savoir s'il était ou non légitime de qualifier Israël d'Etat juif, et qu'après avoir accusé du pire ceux qui donnent une réponse positive à cette question (en accord pourtant avec la résolution internationale qui devait conduire à la création d'Israël), elle aurait fini par s'y rallier.

Mais à bien y regarder, le point commun entre les deux positions totalement contradictoires auxquelles elle dit adhérer est le contexte accusateur, dans les deux cas (celui de l'émission de France Inter de février, celui de l'actuel "appel à la raison"), à l'égard de la démocratie israélienne.

Triste raison...

dimanche 7 février 2010

France-Inter s'érige en tribunal d'Israël, dans une émission à charge mais sans avocat.


 France-Inter a-t-elle mal tourné ?

Présentée sous l'interpellation  « Israël a-t-il mal tourné ?» (son titre véritable, je ne l'ai découvert qu'après coup et n'a jamais été mentionné dans l'émission, serait en fait "Israël : qui veut la paix ?", et cette question précise --- qui aurait été utilement éclairée par les résultats du sondage récent de Pew Research sur les personnalités qui inspirent confiances dans les pays musulmans --- n'a de fait pratiquement pas été abordée), l'émission du 7/9 du samedi 6 février 2010 sur France-Inter, élaborée en partenariat avec le journal Marianne qui publie cette semaine un dossier du même nom sous la conduite de Bernard Guetta de France Inter, avait pour intervenants, outre les animateurs habituels de l'émission Stéphane Paoli et Sandra Freeman : Maurice Szafran, Leïla Shahid, Bernard Guetta, Elisabeth Roudinesco. 

(Je passe sur la contribution d'Ivan Levaï qui a préféré ne pas intervenir au-delà de sa revue de presse, la seule référence de sa part, indirecte, au « débat » étant d'avoir raconté, d'ailleurs pas très bien, une vieille blague juive à la fin de son temps de parole.)

Même si Paoli a systématiquement remis devant le « Israël a-t-il mal tourné ? » un  « Oui ou non ? » effectivement présent, mais pour le moins discrétement, dans le dossier de Marianne (que je n'ai pas encore consulté), donnant ainsi l'apparence d'une possibilité de réponse négative à la question accusatrice, c'est bien d'une telle accusation que l'émission a relevé.

La présentation du bouquin de Leïla Shahid sur le site du 7/9 du samedi sur  France Inter, donne le principe de l'émission : on n'invite à débattre des gens qui sont essentiellement d'accord entre eux, en l'occurrence d'accord pour salir Israël, mais dont les différences d'origine, de métier, etc... suffisent à donner l'apparence d'une certaine diversité visant à prouver que, de ce coté, on est ouvert et qu'on a le sens du dialogue.

Je ne vais pas faire un compte-rendu de l'émission, en voici simplement quelques extraits commentés.

Sortir des stéréotypes

Stéphane Paoli commence à 7h18 par se tourner vers Maurice Szafran en lui faisant remarquer que le titre est sévère, « Oui ou non Israël a-t-il mal tourné ?»... oubliant que, sans même le « oui ou non », c'est précisément l'exergue de sa propre émission (de facto le titre).

Maurice Szafran explique alors que l'expression « Israël a mal tourné » a d'abord été prononcée par Bernard Guetta, et de poursuivre : « pour sortir des stéréotypes, moi j'ai tendance à considérer que c'est un titre tout-à-fait banal ». D'emblée, Maurice Szafran indique lui-même sa capacité à dire n'importe quoi, puisque ce qu'il appelle « sortir des stéréotypes » consiste à l'évidence et au contraire à s'y enfoncer, comme il le dit lui-même en poursuivant : « c'est l'une des idées les plus convenues, y compris chez certains pro-israéliens, qu'Israël a, en effet, mal tourné ».

Au moins, Szafran est clair : il est un journaliste à charge.  

Ils ont osé (comme d'habitude)

Szafran poursuit en disant que « c'est une question qu'on n'ose pas poser parfois ». Pour lui, Israël a mal tourné mais « on n'ose pas le dire ».

« Oui, voilà » acquiesse Paoli. Comme si France-Inter ne passait pas une grande partie de son temps à mettre Israël en accusation, et pas seulement chez Daniel Mermet !

Puis Szafran emploie encore plusieurs fois le mot « banal », dans une référence certes implicite mais néanmoins assez évidente au concept de « banalité du mal » d'Hannah Arendt à propos des nazis.

Leïla Shahid, dans son rôle.

Stéphane Paoli interroge ensuite Leïla Shahid, la cousine d'Arafat dont elle a toujours soutenu le terrorisme, la petite-fille de l'allié de Hitler et fondateur du nationalisme palestinien, le grand Mufti Husseini pour lequel elle a toujours exprimé une admiration sans restriction. Le fait que cette militante pro-terrorisme trouve objectif le dossier de Marianne m'inquiète un peu quant à ce dossier (mais bon, faut voir, je ne l'ai pas encore lu...).

Bernard Guetta : le high-tech ou la high-tech ?

Viennent ensuite les explications du journaliste Bernard Guetta sur la question de l'évolution politique, économique et sociale d'Israël : d'une forme de socialisme au libéralisme avec ses succés mais aussi la pauvreté (tiens, il ne vient à l'idée de personne que la grande pauvreté d'une partie de la population israélienne aurait aussi un rapport avec le fait que ce pays est en butte à la haine infinie de ses voisins. Shahid soulignera l'importance du financement de l'armée, mais bien sûr pour dénoncer la politique « conquérante » d'Israël). A la fin de son intervention, Guetta prend le temps d'expliquer qu'il a longtemps cru qu'il fallait dire « la » hig-tech mais qu'à Marianne on lui a expliqué qu'il fallait dire « le » high-tech, démontrant une fois de plus son esprit d'à-propos et l'agilité d'une pensée qui va tout de suite à l'essentiel.

Un peuple persécuteur

Vers la fin du 7/9, Elisabeth Roudinesco est interrogée par Laurence Luret.

8h46. La journaliste lui pose la question, qui revient souvent, dit-elle, « de l'extérieur » (j'imagine qu'elle veut dire que la question n'est pas d'elle, qu'elle ne se fait que l'écho d'une question entendue) : 

« Comment un peuple qui a été persécuté aussi longtemps peut devenir à son tour persécuteur, et la psychanalyste que vous êtes quel regard pourtez-vous la-dessus ? »

Si la première partie de la question vient « de l'extérieur », on voit que la seconde partie de la question de Laurence Lucet, adressée au psychanalyste, entérine en fait la première, en suggérant précisément l'analyse de tous ceux qui, depuis le fameux article d'Edgar Morin, se croient particulièrement malins de pouvoir pointer des renversements d'allure paradoxale mais bien connus par exemple dans le domaine des violences sexuelles, et dont le niveau ne dépasse pourtant pas, en réalité, celui des inscriptions qu'on trouve dans les chiottes publiques mettant un signe égal entre une étoile de David et une croix gammée.

Dans sa réponse, Roudinesco entérine à son tour la notion de « peuple persécuteur », puisqu'elle n'en conteste pas l'idée, se contentant de dire dans un premier temps : « ah ça, y a jamais de peuple parfait », même si, dans un deuxième temps, elle souligne que le peuple juif d'Israël est un peuple comme un autre, avant de retrouver son discours habituel sur le fait qu'en Israël et en Palestine il n'y a pas de nazisme : « la référence au nazisme est absolument inadmissible des deux cotés... tant qu'on continuera à se traiter de nazi --- tout le monde se traite de nazi--- ... la référence à l'extermination des Juifs doit être absolument bannie des débats actuels, il n'y a pas de nazis en Israël, ni d'un coté ni de l'autre, il n'y a pas de chambre à gaz, il n'y a pas d'extermination, il y a une guerre civile, il y a une guerre, c'est tout-à-fait différent, il y a des massacres, mais il n'y a pas de nazisme, j'insiste beaucoup ».

C'est gentil à Roudinesco d'insister là-dessus, parce qu'elle vient précédemment d'adhérer au retournement morinien de « peuple juif passé de persécuté à persécuteur », ce qui revient de fait à le nazifier, dans l'esprit de cette émission de France-Inter visant à montrer qu'Israël aurait mal tourné. Alors c'est vrai que lorsque l'actuel président de l'autorité palestinienne, auteur d'une thèse négationiste à Moscou, accuse les Israéliens d'avoir fait pire que l'Holocauste à Gaza on est bien dans le type d'accusations révoltantes que dénonce Roudinesco. Le problème, c'est qu'en insistant lourdement sur le fait qu'il n'y aurait pas de nazisme, ni d'un coté ni de l'autre, elle demande simplement d'occulter tout un pan, plutôt fondamental, du conflit actuel, à savoir l'alliance originelle du nationalisme palestinien avec le nazisme, incarnée par l'alliance du grand-père de Leïla Shahid et oncle d'Arafat avec Hitler, autant que le rôle actuel de l'Iran nazislamiste --- faut-il rappeler les meeting négationistes organisés par Ahmadinejad, et ses déclarations sur Israël qui doit être rayé de la carté ? --- auprès du Hamas et du Hezbollah, dont les miliciens sont coutumiers du salut nazi. L'argument de Roudinesco selon lequel il n'y a pas d'extermination ne tient pas, dans la mesure où l'intention de l'extermination, elle, existe. Les néo-nazis qui défilent régulièrement, ici ou là, depuis 1945, n'ont pas de chambre à gaz et ne font pas d'extermination, ce n'en sont pas moins des nazis, qui expriment clairement leur désir d'extermination des Juifs, exactement comme le font les miliciens du Hezbollah sur les panneaux tournés vers Israël et qui décorent les bases de la FINUL au sud-liban..... Roudinesco n'en n'est d'ailleurs pas à une contradiction près, puisqu'elle rappelle elle-même par ailleurs le succès dans le monde arabe de Mein Kampf, le livre de Hitler.

A la fin de l'émission (8h50'), Roudinesco affirme : « Les Juifs ont peur de disparaître, mais ils ont peur depuis toujours, alors évidemment comme on en a assassiné 6 millions on peut comprendre que voilà, mais on n'en est plus là... On a peur qu'il n'y ait plus de Juifs, c'est un fantasme, il y aura toujours des Juifs, simplement ils vont être différents, et cette histoire de démographie, c'est un fantasme, ce n'est pas parce qu'ils seront entourés d'une majorité d'Arabes qu'il n'y aura plus d'Etat d'Israël, plus de Juifs, etc... ça va se refaire autrement ».
Après que Leïla Shahid se soit livrée à une « psychanalyse » d'Israël à propos de la question de la démographie arabe : « le mur construit par Israël, il est dans les têtes... il y a un problème d'ordre psychanalytique, qui est un déni de réalité, qui est la fonction réellement de ce mur, qui n'emmure pas seulement les Palestiniens, mais qui emmure aussi les Israéliens, comme l'a dit Sylvain Cypel », propos approuvé par le grand intellectuel Paoli : « bien sûr, comme tous les murs, et comme toujours, j'allais dire », Roudinesco a le mot de la fin :

« Faut-il qualifier l'Etat d'Israël d'Etat juif ? Non ! Ça c'est la tendance, en effet, de l'ultra-nationalisme, ca c'est une catastrophe en effet pour Israël s'il est qualifié de façon éthnique. Ce sont les ultra-nationalistes qui sont les plus dangereux, qui risquent de faire cet Etat d'apartheid, on ne peut pas qualifier un Etat de cette façon là. »

Est-ce à dire que pour Roudinesco, Israël a le droit d'exister à condition de devenir un Etat arabe ? Non, bien sûr, on ne saurait qualifier un Etat de cette façon là (n'importe quoi !) En réalité, le peuple juif est complexe, et Israël est bien sinon un Etat juif, au sens religieux du terme, du moins un Etat pour le peuple juif, quelle que soit la place que les membres de ce peuple accordent individuellement à la religion juive. Quoi qu'en dise Roudinesco, le caractère juif de l'Etat d'Israël figure dans le vote des Nations Unies du 29 novembre 1947 qui a conduit à la création de l'Etat d'Israël. Cette position élémentaire vis-à-vis d'Israël n'a donc rien à voir avec l'ultra-extrémisme de dangereux ultra-nationalistes ultra-religieux. Par sa conclusion, Roudinesco ne fait pas dans la dentelle.

Voilà pour le 7/9 du samedi 6 février sur France Inter. Une émission entièrement à charge contre Israël, où un petit groupe d'activistes et de journalistes se décerne mutuellement des prix d'objectivité.



Je vais écouter maintenant l'émission du dimanche, censée équilibrer celle du samedi puisque les invités en sont un journaliste neutre, Maurice Szafran, ancien militant sioniste, et un Israélien, ancien ambassadeur d'Israël en France. En effet, le dimanche 7 février 2010, dans le 7/9, l'invité a été Eli Barnavi, historien israélien très critique à l'égard du gouvernement israélien et contributeur régulier au journal Marianne (et dont le propos à venir du dimanche aura été à plusieurs reprises annoncé d'avance par les invités du samedi : « demain, Barnavi dira ceci, demain, Barnavi dira cela... » a-t-on entendu ce samedi...) Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le pressentiment que l'émission du dimanche ne vas pas réellement équilibrer celle du samedi...

L'emission du dimanche 7 février 2010 

Voilà, je reprends la plume. Je viens d'écouter l'émission du dimanche, avec Eli Barnavi. Le moment le plus marquant de cette émission aura sans doute été la revue de presse d'Ivan Levaï, essentiellement consacrée à la météo et au foot.... Plus sérieusement, voici : à 7h25, Paoli pose à Szafran une question qui en dit long à la fois sur la vision que Paoli a de lui-même et de ses collègues journalistes, et sur son positionnement implicite vis-à-vis d'Israël, je cite : "le titre que vous choisissez est délibérément frontal, nous en parlions hier avec Leïla Shahid, :"Oui ou non, Israël a-t-il mal tourné ?" c'est la question que très peu de gens osent poser aujourd'hui. Le problème n'est-il pas en effet ce déni du réel, la capacité que nous avons les uns et les autres, au niveau politique, au niveau médiatique, à contourner la réalité pour la présenter avec des mots qui ne disent pas les choses pour ce qu'elles sont ?".

Ainsi, pour Paoli, poser la question "Israël a-t-il mal tourné ?", c'est-à-dire, à suivre Szafran et Guetta, y répondre positivement,  ce serait enfin oser présenter les choses comme elles sont ! 

On retiendra tout de même cet aveu de Paoli s'agissant de la capacité des journalistes à "contourner la réalité pour la présenter avec des mots qui ne disent pas les choses pour ce qu'elles sont". Cela fait longtemps que, par exemple, l'usage systématique par ses confrères des mots "activistes" ou "militants" pour désigner d'authentiques terroristes nous a convaincu de cette capacité de déni...

Donc, ce dimanche, à l'antenne, trois accusateurs d'Israël (Szafran, Guetta et Paoli) dont un avoué et deux à peine voilés, et un "avocat" : Barnavi. 

Ce que dit Barnavi est loin d'être absurde, mais sans doute en partie discutable. Ses interventions permettent parfois de remettre les pendules à l'heure, comme lorsque Paoli, berné par le terme "colonisation" que lui et ses confrères emploient  pour les implantations juives, s'imagine que ces implantations sont le lieu d'une agriculture extensive privant les Palestiniens d'autant de terres cultivables. 

Lorsque Barnavi soulignera que les idées de la gauche israélienne sur la nécessité de la paix et de la création d'un Etat palestinien avaient petit à petit gagné tous les grands partis politiques israéliens, Paoli montrera qu'il avait compris le propos de son invité en parlant de la droitisation de la société israélienne, et Barnavi devra à nouveau rectifier. 

Pour Barnavi, Israël n'a pas assez souffert  

Malgré la pertinence d'une grande partie des propos d'un Barnavi toujours calme face aux accusations portées contre Israël par ses amis journalistes  (tellement calme qu'on pouvait se demander s'il se rendait compte qu'il servait de caution israélienne à ce tribunal anti-israélien), il y a pour moi cette phrase qui ne passe pas, je cite Barnavi aux environ de 8h25 :  "On  n'a pas assez souffert du manque de volonté politique".

Ce "on", c'est Israël. Le manque de volonté politique fustigé, c'est celui des dirigeants israéliens.

Ce que dit Barnavi à ce moment-là, c'est qu'Israël n'a pas assez souffert d'un conflit dont il impute le prolongement au manque de volonté politique des dirigeants israéliens. Il précise d'ailleurs immédiatement que certes Israël a souffert du terrorisme palestinien de la seconde intifada, mais que cette souffrance est déjà oubliée, du fait de la grande capacité israélienne à oublier (n'importe quoi !) Les victimes du terrorisme palestinien, leurs familles, apprécieront cette appréciation de Barnavi selon laquelle Israël n'aurait pas assez souffert pour réellement souhaiter la paix. Cette petite phrase de Barnavi, à la limite de l'incitation au terrorisme, est un scandale qui montre le genre d'avocat d'Israël que France Inter a trouvé pour équilibrer l'émission de la veille avec Leïla Shahid ! (s'ils manquent d'idée pour leurs invités pro-israéliens, ils n'ont qu'à me demander, il ne manque pas de fins connaisseurs du dossier capables de répondre aux accusations stéréotypées sans cesses faites à Israël...)

L'émission se termine par l'auto-congratulation mutuelle de la petite équipe : Paoli signale que, contrairement à ce qui se passe d'habitude quand on parle du Proche-orient, aucun email virulent n'est venu dénoncer l'émission (mince, l'émail que j'ai envoyé hier soir ne devait pas être assez virulent), ce qui prouverait que la question posée par Szafran, "Israël a-t-il mal tourné ?" était une bonne question (ça, de la part de Paoli, c'est plutôt une incitation à la virulence), à la suite de quoi Szafran félicite Guetta... 

Bravo à toute l'équipe, ce joli coup restera en effet dans les annales de la banalisation de la démonisation d'Israël... 



 

mercredi 3 février 2010

Le Monde : salir Israël à tout prix ?

Non, Le Monde n'a pas changé.


Après la catastrophe du tremblement de terre de Haïti, des équipes de sauveteurs et de médecins sont venues du monde entier, ou presque. 

La solidarité est venue du monde entier, ou presque. 

Laissons de coté les pays qui n'ont apporté aucune aide à Haïti, et tournons-nous plutôt vers ceux qui ont effectivement apporté leur soutien à la population haïtienne. 

Du point de vue médical, l'équipe israélienne aura sans doute été à la pointe : mise en place d'un hôpital moderne, efficace, dont témoignent les reportages de CNN ou autres (voir par exemple le site objectif-info, celui de la mena et autres articles ici).

Cette aide de premier ordre d'Israël n'a fait l'objet d'aucun reportage dans les médias français, mais cela n'a rien de scandaleux : on n'aide pas pour que ça se sache. 

Pourtant, si, dans le journal Le Monde, de l'hôpital israélien à Haïti, il en a été question une fois, une seule, en passant : il s'agit d'un article d'Annick Cojean  - En Haïti, les médecins face au dilemme de l'amputation, en date du 30 janvier 2010, article qui donne la parole à des médecins français qui dénoncent la propension des chirurgiens américains à amputer les blessés. N'étant pas médecin, et encore moins urgentiste, je n'ai aucun moyen d'évaluer les arguments de ces chirurgiens relayés dans l'article, à savoir que le manque de structure du pays ne permettant pas un suivi des personnes, l'amputation, qui n'aurait pas été obligatoire dans un contexte socio-médical plus favorable, se révélait obligatoire sous peine d'inévitables gangrènes. Or, s'ils sont effectivement relayés, et si le titre de l'article parle à juste titre de "dilemme", le fait est que les arguments des chirurgiens américains ne sont pas présentés de façon convaincante dans l'article, qui sous couvert de la parole de médecins français, est clairement à charge contre ces américains, pratiquement présentés comme des "bouchers" (comme on dit, pardon pour les bouchers), autrement dit des êtres sanguinaires et sans pitié. C'est là que l'hôpital israélien à Haïti aura été mentionné, une seule fois, par le journal Le Monde, pour signaler que l'un de ces horribles personnages a été rencontré dans l'hôpital israélien. C'est tout sur l'aide israélienne en Haïti : suggérer que les Israéliens ne sont là que pour appuyer de véritables criminels en blouse blanche.

Dégueulasse.

jeudi 14 janvier 2010

L'épouvantable malheur du peuple haïtien

Personne à accuser, rien à dénoncer, seulement essayer de dire la tristesse et la solidarité face à  l'épouvantable et indicible malheur qui frappe en ce moment le peuple haïtien.

samedi 9 janvier 2010

Elisabeth Roudinesco dans "Répliques" du 9 janvier 2010.

Même sans mentionner la collaboration avec Hitler du Mufti Husseini, dont la petite fille Leïla Shahid fait l'éloge chaque fois qu'on l'interroge à ce sujet, même sans parler des crimes terroristes visant la population civile juive d'Israël commandités par le neveu djihadiste du Mufti, Yasser Arafat, sans avoir à évoquer la thèse négationiste à Moscou, en 1982, de Mahmoud Abbas ni ses propos récents affirmant que la guerre à Gaza était "pire que l'Holocauste", sans évoquer la collaboration entre les terroristes sunnites de Gaza et les nazis islamistes chiites de Teheran, Elisabeth Roudinesco reconnaît toutefois très clairement, à la 32ème minute de l'émission, l'existence du nazisme au sein du monde arabo-islamique en général, et chez les Palestiniens en particulier, puisqu'elle rapproche le discours du Hamas de la prose antisémite de Drumont --- certes décédé en 1917, mais dont le succès ultérieur implique évidemment qu'en disant "Drumont" Roudisnesco renvoit en réalité à l'antisémitisme génocidaire du nazisme et de ses collaborateurs --- et qu'elle reconnaît la place du Protocole des sages de sion et du livre d'Adolf Hitler, Mein Kempf, dans le monde islamique, je la cite :

"dans les pays arabo-islamiques l'antisémitisme : il est autorisé, il s'exprime, les livres sont vendus, mis en vitrine, il n'y a qu'à aller au Liban, dans la grande librairie française, on verra vos livres, à coté du mien, à coté de Mein Kempf, des Protocoles des sages de Sion et de Garaudy, dans la même vitrine, voilà [...] Quand on analyse les discours du Hamas, ce sont exactement les mêmes que ceux de Drumont".

Or, à la toute fin de l'émission, après une remarque de Finkielkraut sur l'accusation habituelle faite aux Juifs qui soutiennent Israël d'être en quelque sorte des nazis, remarque reprise par l'autre invité, Barnavi, Roudinesco affirme ceci :

"A l'autre extrême j'entends la même chose, j'entends la nazification de l'autre coté, de la part de tendances de beaucoup de Juifs d'extrême droite de nazifier l'adversaire. La nazification de l'adversaire elle existe des deux extrêmes, ça c'est absolument exact et ça ne va pas, bien entendu nous devons combattre ça, Il n'y a pas de nazis en Israël, mais il n'y en a pas chez les Palestiniens non plus".

Comment ne pas relever d'abord la totale contradiction dans laquelle elle se met --- certes au nom du juste constat d'une tendance préjudiciable qu'ont certains à traiter un peu vite leurs adversaires de nazis --- avec ses propos antérieurs de vingt minutes sur Mein Kempf, Drumont et le Hamas ?

Contradiction totale, donc, sous couvert d'une caractéristique constante de ce genre de discours : la symétrisation. Roudinesco accepte, lorsqu'on lui en parle, de récuser le délire qui (à la façon d'Edgar Morin dans son célèbre et scandaleux article) "nazifie" les Juifs qui soutiennent Israël, mais, si l'on peut dire, "en échange", sans doute pour pouvoir prétendre se maintenir dans une position qui serait neutre à l'égard du conflit proche-oriental, d'une interdiction de reconnaître ce qu'il y a de relation au nazisme dans le terrorisme islamiste du Hamas et des Brigades des Martyrs d'Al Aqsa du Fatah. Ce faisant, elle se met donc elle-même dans une position insoutenable de contradiction.

Mais il y a pire. A cette contradiction s'en ajoute une seconde, plus immédiate et évidente encore, puisqu'elle accuse dans son propos "beaucoup de Juifs" d'être d'extrême-droites dès lors qu'ils pointent la relation entre nazisme et terrorisme islamiste chez les Palestiniens. Or, que signifie cette accusation d'être "d'extrême-droite" ? Faut-il rappeler jeu de mot horrible de Le Pen sur "Durafour Crématoire", et le fait que ce personnage a toujours refusé le qualificatif infâmant d'extrême-droite ? Non, ce n'est pas nécessaire, chacun comprend que, dans notre pays, traiter quelqu'un d'extrême-droite est exactement équivalent au fait de le traiter de nazi.

Voici donc ce que fait Roudinesco : dans la parole même où elle dit qu'il faut se garder d'accuser l'autre d'être un nazi, elle porte cette même accusation contre "beaucoup de Juifs", au seul motif que ces derniers ont poursuivi un peu plus loin qu'elle une analyse qu'elle s'est interdite de continuer au profit d'une position contradictoire épargnant son ego.

Face à cette pensée fausse, on aurait aimé entendre des intellectuels autrement pertinents sur le thème abordé, qui ne sont jamais invités dans les médias, comme Gérard Huber ou Shmuel Trigano.

vendredi 8 janvier 2010

Hommage à Gail Rubin

Cette année-là, c'était l'année 1978. Et ce jour-là, le 11 mars 1978, la France était en état de choc : le chanteur Claude François venait de mourir.

L'INA nous permet de revoir le journal télévisé d'Antenne 2 de ce soir là. Mais voilà, le deuxième titre du journal télévisé concerne Israël : une opération terroriste était en cours près de Tel Aviv...

Trente ans plus tard...

Février 2007, le site www.palestine-solidarite.org évoque "une opération audacieuse" menée le 11 mars 1978 par "Fateh, le mouvement de la résistance palestinienne", opération dirigée par "la martyre Dalal al-Moghbar".

Sur jeuneafrique.com, le site du journal "Jeune Afrique"(toute l'actualité africaine en continu), un article du 21 juillet 2008 signé Hamid Barrada parle de "Dalal Al-Moughrabi, une héroïne palestinienne tuée en 1978 dans une opération de résistance particulièrement meurtrière", et d'ajouter entre parenthèses : 36 morts israéliens, sans préciser s'il s'agissait de civils ni s'il y avait des enfants parmi les victimes.

Précision peut-être rendue inutile pour le rédacteur du fait de l'idée bien connue selon laquelle les Israéliens sont tous des militaires (tandis que, selon notre "grande conscience" nationale Stéphane Hessel, les Palestiniens sont tous des civils).

Mais en quoi avait donc consisté l'opération de "résistance" de l' "héroïne" palestinienne ?

L'AFP (article de Lamia Radi du 15 juillet 2008, Beyrouth) décrit ainsi ce qui s'est passé ce jour là : Le 11 mars 1978, le commando [dirigé par Dalal al-Moghrabi] s'introduit en Israël par la mer, prend en otage un bus de l'armée et le dirige sur la route Haïfa/Tel-Aviv empruntée par des véhicules militaires. Le commando tire sur les voitures blessant une centaine de soldats. Ehud Barak est chargé de mettre fin à l'opération. Dalal et ses hommes font alors exploser le bus, tuant 36 personnes.

Curieusement, la rédactrice de l'AFP ne précise pas non plus la qualité des personnes assassinées, mais il est clair d'après le contexte qu'il ne peut s'agir que de militaires. Et encore une fois, c'est bien connu, tous les Israéliens ne sont-ils pas des militaires ?

En y réflechissant, le récit de l'AFP semble assez peu crédible : outre le fait que le terrorisme palestinien a presque toujours pris pour cible des civils, comment imaginer que l'autoroute ne soit empruntée que par des véhicules militaires, qu'un bus rempli de militaires israéliens ait pu être détourné par onze militants palestiniens (quoi d'autre ?) qui auraient pu ensuite blesser des centaines d'autres militaires impuissants ?

En fait, ce récit de la branche libanaise de l'AFP est totalement contredit par le récit du Times publié le 20 mars 1978, selon lequel les passagers des bus étaient bien des civils, et pour qui les terroristes avaient prévu de semer la mort jusqu'au coeur de Tel Aviv.

D'après Wikipedia, voici la façon dont l'attaque s'est déroulée :

Dans la matinée du samedi 11 mars 1978, Dalal Mughrabi dirigeant un groupe de onze Fedayins, dont une autre femme, a accosté sur une plage israélienne où ils ont assassiné une photographe américaine, Gail Rubin. Ils ont ensuite arrêté un taxi, tué tous ses occupants, puis ont roulé sur l'autoroute côtière en tirant tout le long du chemin sur les autres véhicules. Ils ont ensuite détourné un bus et plus tard, un second bus dont les passagers ont été transférés dans le premier. Le bus a été finalement arrêté à un barrage de police. Dalal Mughrabi a alors fait exploser le bus, et de nombreux passagers ont été tués dans l'incendie. Au total, Dalal Mughrabi et son groupe terroriste ont tué 37 personnes, essentiellement des civils, dont au moins 10 enfants. 71 personnes ont été blessées.

J'invite le lecteur à prendre une minute pour rendre hommage à Gail Rubin (12 avril 1938/ 11 mars 1978) en allant consulter cette notice qui lui est consacrée  : http://jwa.org/archive/jsp/perInfo.jsp?personID=323

 ***

Alors, vous vous demandez peut-être pourquoi je vous parle aujourd'hui de Dala Mughrabi ? Voici : le président de l'autorité palestinienne, Mahmoud Abbas (*), vient d'inaugurer à Ramallah un square portant le nom de Dalal Mughrabi.

C'est ignoble, même si ce n'est pas tellement étonnant : cet hommage de l'autorité palestinienne à la terroriste Dalal Mughrabi s'inscrit dans une certaine continuité, comme en témoigne cette émission de la télévision palestinienne présentant "la fleur de jasmin" Dalal aux petits enfants palestiniens, en septembre 2008.

(*) Mahmoud Abbas, de son nom de guerre Abou Mazen, grand homme de paix (dixit Bush), auteur à Moscou, en 1982, d'une thèse négationiste sur la Shoah, qui avait déclaré l'an passé que la guerre de Gaza en janvier 2009 était "pire que l'holocauste".

jeudi 7 janvier 2010

Conceptions différentes

Finalement, le site de l'émission de Zoé Varier sur France Inter a publié le dernier des messages que j'y avais envoyé à propos de Stéphane Hessel (voir ici), assorti de la remarque suivante, qui réussit à fermer le débat sous des allures de tolérance  : "A chacun sa conception de la nocivité, Anatole !".

A cette remarque qui se voulait ultime, je leur ai répondu ceci :

"A chacun sa conception de la nocivité", me dites-vous. Vous avez raison : la mienne consiste à considérer qu'un type qui n'hésite pas à mettre sa notoriété au service du mensonge et de la diffamation est nocif.
 Un seul exemple, lorsque Hessel prétend dans une interview que, je cite : "il n’y a pas de militaires, il n’y a que des civils à Gaza - des militants peut-être" (interview à Swiss Info du 5 janvier 2009), il contribue à détruire le beau mot de militant en l'employant pour désigner des terroristes fanatiques, emplis de haine contre la vie elle-même (et, j'en suis désolé, mais l'apologie de la mort par Hessel, au cours de votre émission poétique, entre pour moi en écho avec son activisme anti-israélien). En affirmant qu'il n'y a que ces civils à Gaza, Hessel est même en contradiction avec le Centre palestinien des droits de l'homme : celui-ci prétend en effet que sur 1400 personnes tuées à Gaza lors de la guerre en janvier 2009, 1100 étaient des civils... ce qui implique que même cette organisation palestinienne n'ose pas pousser le mensonge jusqu'à soutenir comme Hessel qu'il n'y aurait que des civils à Gaza !

 Alors, à titre personnel, je vous invite vraiment à prendre les 90 secondes nécessaires pour voir, sur ce lien : http://elderofziyon.blogspot.com/2009/12/civilians-video.html , à quoi ressemble les "civils" et les "militants" dont parle Monsieur Hessel. Certes, il n'est pas le seul, l'AFP et France Inter ayant depuis longtemps pris le pli d'appeler "activistes" ou "militants" ces fanatiques islamistes qui cherchent à assassiner le maximum de civils non soumis à leurs lois délirantes. Mais précisément, dans de telles attaques contre le sens des mots, ces institutions, dont, trop souvent, la vôtre, se montrent nocives.

 Ma conception est différente de la vôtre ? Probable, en effet, et tant mieux, car je ne considère pas, moi, que ceux qui aujourd'hui présentent de véritables terroristes (ignorez-vous que cela existe ?) comme s'il s'agissait de résistants valent mieux que ceux qui, hier, avec l'Affiche Rouge, présentaient les résistants véritables (qui ne visaient jamais les civils) comme des terroristes. 

mercredi 6 janvier 2010

France Inter, la différence

L'admiration pour Stéphane Hessel est obligatoire. Candidat Vert au prochaines régionales, ce vieux monsieur est considéré par la classe médiatique comme une conscience lumineuse. Ce n'est pas mon cas : ses attaques systématiques contre Israël révèle qu'il est atteint, lui aussi, comme bien d'autres, d'antisionitisme aigü. Après une matinée sur France Culture fin 2009, une émission de poésie lui était consacrée vendredi dernier sur France Inter, par Zoé Varier, dont l'admiration pour Hessel s'est exprimée sans retenue d'une voix suave. Certes, ce n'était pas le lieu de parler d'Israël, et il n'en a pas été question. Mais, chose totalement subjective, il se trouve que l'entendre réciter des poèmes en Allemand n'a pas réussi à me le rendre plus sympathique. Surtout, l'apologie de la mort à laquelle s'est livrée Hessel, pour poétique et philosophique qu'elle ait pu sembler, n'a fait que confirmer mon idée négative à son égard. Pour subjectifs qu'ils soient, j'ai souhaité témoigner de ces sentiments sur le site de l'émission de Zoé Varier, qui ne comporte à ce jour que des éloges sans retenu à l'égard d'Hessel : "Stéphane Hessel donne envie", " Il donne de l'espoir et du sens à la vie par sa sagesse", "sa voix est une voie complète à elle seule qui va vers cet infini de la lumière de la vie", "Extraordinaire Stephane Hessel", "quelle merveille, quelle trajectoire de spiritualité incarnéé, merci", "Magnifique, merci, merveilleux, merci, vielen Dank". 

Pas une seule petite critique. J'ai donc envoyé mon avis sur le site, il aurait fait tâche : les modérateurs l'ont censuré. J'en ai du coup envoyé en autre, que voici :

Bonjour,

Avec tout le respect que l'on doit à un homme agé, et malgré l'unanimité des louanges à son endroit, j'ai trouvé quant à moi pénible l'expression permanente de l'admiration de Zoé Varier pour cet activiste politique qui me semble particulièrement nocif. Vous n'aviez pas publié mes précédents commentaires, vous ne publierez probablement pas celui-ci non plus : sans doute votre conception de "la différence", pour reprendre la devise de votre maison.