jeudi 3 avril 2008

Iman al-Hams

Suite au limogeage de l'ex-sous-préfet Guigue, on a pu lire sur Rue89 des articles soutenant Guigue, tel celui de Tom Hill, qui écrit notamment :

"Qu’Israël torture, qu’on n’y travaille pas le Shabbat, qu’au moins une tristement célèbre écolière palestinienne ait été tuée par un sniper israélien chemin de l’école (à Rafah, soyons précis; elle s’appelait Iman al-Hams), sont des faits que nul lecteur honnête et averti ne songerait contester".

La mort dramatique, sous des balles israéliennes, le 5 octobre 2004 à Rafah, au sud de la bande de Gaza, d'Iman al-Hams, écolière de 13 ans muni d'un simple cartable est un fait que personne à notre connaissance ne conteste.

Cependant, les circonstances du drame ne sont pas présentées de la même façon par les Palestiniens et les Israéliens. Lorsque Tom Hill écrit qu'Iman al-Hams a été tuée "par un sniper israélien chemin de l'école" (ce qu'il faut certainement lire "sur le chemin de l'école") il reprend certes la présentation reproduite à des milliers d'exemplaires sur les sites "pro-palestiniens", mais il se trouve absolument contredit par le récit de Jean-Paul Mari du Nouvel Observateur et par l'interview que lui a accordé en juin 2005 la porte parole de l'armée israélienne, Ruth Yaron. Jean-Paul Mari précise en effet dans son article que la jeune fille "été entrée dans le périmètre interdit de 300 mètres autour d’un poste militaire", et Ruth Yaron précise : "une chose est sûre : elle n’était pas sur le chemin qui va à son école".

Il faut tout de même se souvenir de l'utilisation croissante à cette époque, par le terrorisme palestinien, de femmes et d'enfants : des femmes sont munies de ceintures d'explosifs, les enfants sont systématiquement envoyés dans les zones les plus dangereuses quand les "grands frères" restent, armes à la main, planqués à l'arrière. On comprend dans ces conditions que Ruth Yaron se demande "si cette gosse a été utilisée pour tester [les] défenses [israéliennes]", ce qui expliquerait en effet sa présence non pas "sur le chemin de l'école", mais dans une zone militaire interdite.

Ceci étant, nous ne savons pas ce qui s'est passé exactement ce jour-là. Un soldat israélien a-t-il achevé à bout portant l'enfant, comme beaucoup le disent ? Si cela est vrai, pour quelle raison ? Pensait-il avoir affaire à un jeune terroriste suceptible de se faire exploser s'il n'était pas abattu ? Ou bien ce soldat avait-il "pété les plombs" et succombé à des pulsions criminelles ? Nous ne le savons pas.

Il est absolument normal que la famille d'Iman al-Hams ait demandé des comptes à Israël, et plus généralement que tous ceux, Palestiniens ou Israéliens, épris de justice et de vérité, aient en effet demandé à l'armée israélienne de s'expliquer sur la mort dramatique de cette enfant.

Que le soldat israélien qui a tiré sur Iman al-Hams ait agi de façon appropriée étant donné un risque d'explosion kamikaze qu'il avait le devoir de prendre en compte, ou bien qu'il se soit montré incapable d'évaluer correctement la situation, ou bien encore, ce qui fait une énorme différence, qu'il se soit agi d'un fou criminel assassinant délibérément une petite fille, on ne peut pas oublier que ce drame n'aurait pas eu lieu si les terroristes palestiniens n'avaient pas pris l'habitude d'envoyer des enfants dans les zones les plus dangereuses.

En tout état de cause, suggérer comme l'a fait Bruno Guigue que l'Etat d'Israël aurait donné l'ordre à ses soldats d'assassiner les petites filles palestiniennes à la sortie de l'école relève de la propagande pure et simple.

4 commentaires:

lessakele a dit…

Evidemment choqué par l'utilisation propagandiste et la généralisation qu'a faite de ce dossier le Justicier de Sous-Préfecture B.G, je crois me souvenir des versions contradictoires ayant eu cours, à l'époque : d'abord "blanchi" par un tribunal militaire au nom des raisons de sécurité que vous invoquez (on se souvient des enfants circulant dans Djénine le "cartable bourré d'explosifs" ou des photos des enfants de dix ans arrêtés ou se livrant terrorisés une ceinture d'explosifs autour de la taille, aux checks-points, d'autres se livrant à l'armée dans l'espoir de passer leur Bac tranquille en prison israélienne, plutôt que de subir un endoctrinement mortifère, etc.), il me semble que l'omerta s'était ensuite fissurée au sein du groupe militaire impliqué et que les soldats en faction avait révélé la dérive criminelle de leur officier et ses ordres incohérents quant à la doctrine éthique de la "pureté des armes" en vigueur dans Tsahal et qui permet, justement, aux véritables victimes palestiniennes, quand c'est réellement le cas, d'ester en Justice contre des abus flagrants. Si mes souvenirs sont bons, l'officier avait ensuite été condamné sur la foi de ces témoignages et limogé de l'armée. Car dans le cas que vous soulevez, ce qui choquait terriblement est que l'enfant Iman al-Hams avait reçu 20 balles dans le corps, ce qui ne correspondait plus à aucune mesure de sécurité ou aucun "tir de sommation" dans le cadre d'un possible égarement de la jeune fille, mais bien à une tuerie résultant d'une totale perte de maîtrise et de sang-froid. C'est en traitant comme il se doit ce genre de dérives, au civil (Barouch Goldstein) comme au militaire que Tsahal peut et doit conserver la supériorité morale sur ses adversaires terroristes utilisateurs d'enfants ou sur leurs comparses de plume dans les éditoriaux des sites djihadistes. Je n'ai, malheureusement pas trouvé trace des suites données à cette horrible affaire, qui assombrit plus qu'elle ne sert le propos dont puisse généralement s'honorer cette armée de défense. Et je veux bien entendre que, politiquement, on ait préféré l'oublier. (voir les dépêches de Guysen de l'époque ou tâcher d'en avoir confirmation par le porte-parole de Tsahal?)

Anonymous a dit…

le pricipe est toujours la bonne foi..vous n'avez pas le Droit, avec un grand "D", d'assimiler tout enfant palestinien à un kamikaze et l'executer sur simple soupcon tout en qualfiant cet acte de simple respect du devoir de prendre en compte un risque d'explosion kamikaze.

La vie humaine vaut plus que çà..à moins que..

Anatole a dit…

Cher Anonyme, il n'est pas légitime, dites-vous, "d'assimiler tout enfant palestinien à un kamikaze et l'executer sur simple soupcon tout en qualfiant cet acte de simple respect du devoir de prendre en compte un risque d'explosion kamikaze."

Personne à ma connaissance n'assimile "tout enfant palestinien à un kamikaze". Le fait est que l'utilisation d'enfants par les terroristes pose des problèmes énormes à la sécurité israélienne.

Plus généralement, les kamikazes obligent à des réactions extrêmement rapides, qui laissent rarement le temps d'une analyse certaine de la situation. Il y a quelques semaines, dans une rue d'une grande ville israélienne, un policier israélien a sauvé la vie de dizaines de civils en mettant une balle dans la tête d'un terroriste prêt à se faire sauter. Il s'en est fallu d'une fraction de seconde. Ne l'aurait-il pas fait, le commandement "Tu ne tueras point" aurait-il été mieux respecté, ou moins bien ?

Il est évident que c'est le devoir des responsables israéliens de prendre en compte le risque kamikaze, y compris ce qu'implique l'utilisation criminelle d'enfants par les terroristes, justement pour la valeur de la vie humaine.

Cela n'excuse pas les erreurs, voire les fautes, qui peuvent être commises, et ce n'était pas mon propos.

lessakele a dit…

Le propos est surtout qu'avec un grand "D", Bruno Guigue n'avait pas le Droit d'assimiler un Etat né de l'émancipation du peuple Juif au Troisième Reich, ou de considérer que, parce que, dans le cas précis d'Iman al-Hams on peut reconnaître et dénoncer un dérapage à élucider, alors cela l'autoriserait à soutenir que cet Etat donne l'ordre d'assassiner froidement toute jeune fille "sortant de l'école", comme s'il s'agissait d'une distraction de fête foraine. L'écrivaillon a délibérément recherché la provocation par généralisation, à faire d'un cas isolé une loi, une règle de tir, alors même que les règles appliquées sont exactement inverses à celles énoncées par ce faussaire, mettant du fait des restrictions et précautions prises, bien souvent, les soldats en danger extrême.
On se souvient des mensonges propagandistes de Djénine, là où l'Armée se refusant à faire intervenir son armée de l'air et ses tanks pour "nettoyer" un secteur particulièrement dangereux, 13 soldats israéliens avaient trouvé la mort dans le guet-apens d'une maison piégée, justement pour ne pas avoir à commettre de bavure en utilisant les "grands moyens". Croit-on seulement que l'OTAN bombardant Belgrade en 1999 ou même la France en Côte d'Ivoire se soient jamais embarrassés de ce genre de "subtilités"? Alors, pourquoi, sous la plume de l'incendiaire Guigue, ce "seul Etat au monde qui..."? Par pure exception antisioniste-antisémite?