lundi 30 janvier 2006

Pas d'ADM en Irak, mais...

En mai 2005, un article de Katherine Shrader (Associated Press), intitulé "Les enquêteurs américains n'ont pas trouvé d'ADM" comporte des bizarreries qui, dès qu'on les analyse, changent quelque peu la tonalité de l'article.

Ainsi, en plus de l'affirmation contenue dans le titre, on peut lire que :

"le chef de l'ISG [Iraq Survey Group] estime toutefois que «dans la mesure où un individu isolé peut mener certaines activités d'ADM, cela demeure une préoccupation importante»".


Curieusement, l'article glisse rapidement sur cette affirmation, terrible, aux conséquences incalculables. Il est vrai qu'il n'est pas agréable d'y trop penser, alors on zappe.

Il n'empêche, parmi les conséquences à noter : Saddam, qui a tout fait pour que l'occident croit qu'il était en train de développer un programme d'ADM (Chirac, champion du camp de la paix et vieux camarade de Saddam, y croyait aussi puisqu'il a affirmé à plusieurs reprises la possibilité de désarmer Saddam pacifiquement : même pacifiquement, on ne peut désarmer que s'il y a des armes !), avait effectivement les moyens de le faire, lui qui n'était pas un "individu isolé", notamment en ce qui concerne les ADM bactériologiques, pas si lourdes ni si difficiles à cacher ou à transporter.

Alors, Saddam aurait-il déplacé ses ADM dans un autre pays où il aurait pu avoir des alliés politiques, la Syrie pour ne pas la nommer, comme l'affirmait Nizar Nayouf, un ancien agent syrien, dans un document publié par Proche-Orient.info le 19 janvier 2004 ? Ou comme l'a affirmé plus récemment M. Yalon, ex chef d'état major israélien ? Ou comme l'affirme encore l'ancien n°2 de l'armée de l'air de Saddam, Georges Sada, dans un livre publié aux USA en janvier 2006, mais dont la presse française n'a pas dit un mot ?

L'article de Katherine Shrader (mai 2005) affirme à ce sujet que le chef de l'ISG

"n'a pas non plus trouvé de preuves de ce que de telles armes aient pu être officiellement cachées en Syrie avant l'intervention américaine. Il n'exclut toutefois pas un transfert clandestin d'une quantité limitée d'équipement lié aux ADM".

Enoncé fort surprenant pour celui qui n'a jamais entendu parler de l'hypothèse même d'un tel transfert. Mais surtout, que vient faire le mot "officiellement" dans cette citation ? Faut-il comprendre qu'il y aurait eu de tels transferts mais ils n'auraient pas été officiels (ah bon ?), ou bien qu'on ne peut en parler officiellement (ce qui peut se comprendre) ? Curieux, tout de même...

Quant aux quantités limitées d'équipements lié aux ADM, remarquons que cela ne veut strictement rien dire, les quantité illimités n'étant en tout état de cause pas de ce monde.

PS : début mai 2005, les autorités syriennes interdisent le journal koweïtien « Al Seyassah » qui cite des services de renseignement selon lesquels Damas aurait caché des ADM. D'après POI : "le quotidien revient sur la question de savoir si les armes de destruction massive irakiennes peuvent avoir été cachées en Syrie. Si un rapport américain l'exclu, plusieurs services de renseignement occidentaux et d'Europe de l'Est l'affirment, ainsi que certains experts irakiens réfugiés à l'étranger. Ils disent que l'Irak détenait des ADM ou du matériel servant à leur fabrication, et les aurait cachés sur son territoire et surtout sur celui de son voisin syrien. Le quotidien cite des rapports de services étrangers, comme les services britanniques, américains, allemands, français, israéliens, hongrois, polonais et ukrainiens qui soupçonneraient tous Damas d'avoir caché des armes irakiennes recherchées, afin de délégitimer l'intervention américaine en Irak. Ces rapports citent également deux experts irakiens réfugiés en Suède et aux Emirats arabes unis qui confirment que des tonnes de matériel ont été acheminées par camion en Syrie, entre décembre 2002 et janvier 2003. Plus de 60 missiles Scud figureraient dans ce matériel, affirment les mêmes sources."